Se racheter auprès de quelqu'un est une lutte permanente • Camille & Lorena

Lorena et Camille

« sans cesse, j'essayerais de me racheter »

Ce midi était comme tous les autres, quoi que plus maussade que d'habitude, tout cela à cause du temps : les températures avoisinant les 0 degrés, l'ensemble des étudiants avait décidé de se réunir à l'intérieur des différents bâtiments, rendant les couloirs bondés, de même pour la cantine et tout les autres lieux conviviaux. N'ayant pas encore pris mon déjeuner, je me mis en route vers la dite cantine afin d'avoir ma ration journalière de purée de pomme de terre accompagnée d'un délicieux steak haché, spécialité du chef de cuisine. Je me préparais à déjeuner toute seule, mes autres camarades ayant encore cours. En réalité, je devais être avec eux, mais j'avais prétendu un soudain mal de tête afin de pouvoir m'échapper de la salle de cour, qui commençait à m'agacer. Les mathématiques et moi n'étions pas amis, et je n'avais pas prévu qu'il y en aurait au programme de cet échange, manque de bol ! Tout en continuant à me perdre dans mes pensées, je pris un plateau et commençais à me servir en purée, lorsque j'aperçus une de mes connaissances : Camille. Elle était à quelques mètres de moi, elle aussi faisait la queue au self, tentant de décider quel dessert serait le meilleur, et quelle boisson lui ferait le plus plaisir ce midi. Je décidais que je l'interpellerais quelques instants plus tard, qu'il n'était pas non plus nécessaire de lui sauter dessus comme ça. En faite, j'avais déjà fait des gaffes avec elle, alors pas la peine d'en rajouter ... C'était en cours, il y a quelques semaines, le jour de notre rencontre. J'en étais venue à aborder la question de nos parents et de l'éducation qu'ils nous donnaient, ne sachant absolument pas que Camille avait perdu sa mère, "par sa faute" comme elle le disait. Depuis se jour, je me sentais très mal envers elle, et me rachetais à chacune de nos rencontres. Aujourd'hui, je ne savais pas encore de quelle manière j'allais le faire, mais je n'allais pas oublier. Il n'est pas dans mon caractère de ne pas être déterminée jusqu'à obtenir la perfection, ou tout simplement ce dont j'ai envie. Et ce dont j'ai envie maintenant, c'est que Camille sache que je m'en veux terriblement pour ce malentendu, et qu'elle pourra toujours compter sur moi. La voyant chercher une table (elles étaient pratiquement toutes prises), je m'avançais vers elle le sourire aux lèvres, et entrepris d'engager la conversation. " Hey Camille, tu vas bien ? Je peux manger avec toi ? Depuis le temps que j'attendais un moment comme celui là ! ". J'espérais tout simplement qu'elle n'allait pas me prendre pour une folle psychopathe qui allait la bombarder d'attentions singulières.

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Lorena T. Pride & Camille L. Duroy

« Le mieux quand on ignore la vérité est de ne rien dire. »

Le temps était horrible. Il faisait gris. L'air était froid, humide. Un vrai temps d'hiver. Les températures étaient basses. Elles ne devaient pas dépasser les zéros. Du fait de cette horrible temps, la fac semblait encore plus bondée qu'à l'accoutumée. Tout les étudiants étaient amassés dans les différentes salles, dans le réfectoire. Un véritable enfer. J'essayais de me faufiler vers la cantine, midi approchait, j'avais faim et je reprenais les cours tôt. J'avais eu la chance de ne pas avoir droit, ma prof était malade, et quelques cours sautaient. Je me glissais dans la queue plutôt épaisse, au self. Qu'est-ce que ça serait à midi ? Purée bizarre ou pâtes pas cuites ? Bien évidemment, il y aurait l'éternel steak, spécialité du chef. J'étais pratiquement arrivée à la fin de la queue, quand je remarquais une chevelure blonde. Lorena. Je fis semblant de m'intéresser au dessert devant moi. Pourvue qu'elle ne voit pas, et qu'elle me foute la paix. Je n'avais nécessairement envie d'écouter ses excuses aujourd'hui. Elle était avec moi dans un cours, et je lui en voulais un peu. Elle avait abordé le sujet de l'éducation et de nos parents, ignorant totalement que j'avais perdu ma mère sept ans plus tôt. En soi, ce n'était pas de sa faute, elle ne savait pas. Mais à chaque fois que je repensais à ma mère, cela m'amenait directement à me demander qu'elle aurait sa réaction à elle et à papa, si je leur annoncé ma grossesse. Et surtout comment aurait été cet enfant. Comme à chaque fois, mon coeur me fit mal. J'avais l'impression que le sang coulait librement, qu'il ne circulait plus. Il se brisa à nouveau. Je retiens quelques larmes. Je m'étais arrêté devant les desserts. J'attrapais un yaourt au hasard, et une bouteille d'eau. J'ignorais absolument ce qu'il y avait au menu. Je regardais donc le contenu de mon assiette et y découvris de la purée de pomme de terres avec un steak. Bon. Ok. Je grimaçais malgré moi, espérant que la purée sera mangeable. Je calais mon plateau et regardais le réfectoire. Bondé. Je lâchais un soupir. Le jour de ma naissance, j'avais du partir pissé à la distribution de chance. Je remarquais tout de même une table, éloigné de toute civilisation vivante, au fin fond du réfectoire, oublié de tous. Maintenant, le problème était de traversé la foule, sans rien renversée, sans envoyer quelqu'un se faire cuire un tacos. J'inspirais une nouvelle fois quand une voix, reconnaissable entre mille, s'éleva dans mon dos. « Hey Camille, tu vas bien ? Je peux manger avec toi ? Depuis le temps que j'attendais un moment comme celui là ! ». Super. Ma journée n'aurait pas pu être plus pourrie. Lorena allait encore essayer de se rattraper. Elle allait m'énerver, et vu qu'aujourd'hui j'étais plutôt mal-lunée, elle allait s'en prendre plein la tronche. Bon. Surtout restée, calme et être une personne civilisée. Ne pas l'envoyer chier. Ça se trouve, elle veut juste parler. Mais moi, je n'avais aucune envie de la voir. Aller Camille, fait au moins semblant d'être contente de la voir. « Lorena ! Je vais bien, merci et toi ? Écoute, j'ai repéré une table là-bas au fond, donc si tu veux venir à ta guise. Enfin, je ne serais sûrement pas d'agréable compagnie aujourd'hui. » Bon, j'ai été sympa, non ? Je l'ai prévenu de ma mauvaise humeur. Maintenant, c'est à elle de voir. Soit elle reste avec moi, et elle risque de finir avec une assiette de purée sur la tête, soit elle trouve quelqu'un qu'elle connaît et s'incruste à la table de cette personne, et elle me laisse profiter en tête à tête avec ma purée. Quoi qu'il en soit, je ne lui laissais pas le temps de répondre, et me dirigeais rapidement vers ma table. Pour la gentillesse aujourd'hui, on repassera ! En plus, j'avais bien vu plusieurs personne zieuté ma table et ça ne me plaisait franchement pas du tout ! Oui, oui. Elle était officiellement MA table, JE l'avais repéré avant tout le monde, elle était donc à moi. Je posais mon table, lançant un regard noir au mec qui voulait s'assoir face à moi. Je l'ai bien dis. Pour la gentillesse, on repassera.

Camille me semblait très énervée ce midi, et je voulais connaitre la cause de ce profond énervement, qui me paraissait disproportionné. Elle n'avait même pas prit de gants pour me signifier en toutes lettres qu'elle préférait manger seule plutôt que d'être en ma compagnie ... Étais-je si affreuse que ça ? Me trouvait-elle soulante à ce point, jusqu'à ne pas vouloir partager un déjeuner avec moi ? Je me sentais assez triste et perdis quelques parties de mon égo à ce moment là, mais me ressaisis aussi vite que je pouvais. " Oh, ça ne va pas ? Tu sais que tu peux tout me dire hein, je suis là pour t'écouter et te conseiller ... Quand on va mal, on doit partager sa peine avec quelqu'un, il ne faut pas garder ça pour soi ... " Et mince, je lui avais encore tenu un discours digne d'une pédo-psychiatre de renommée mondiale. Je n'avais vraiment pas besoin de paraitre lourd, surtout maintenant ! Je devais me rattraper, encore et toujours, et essayer de gagner sa confiance - ce qui m'avais l'air bien plus compliqué que je ne l'avais prévu. " Enfin, je veux dire que, si tu le souhaites bien entendu, tu pourrais me raconter tes malheurs, et je serais là. " Ouf, j'avais réussi à formuler une phrase à peu près correcte, sans trop de jargon médical, qui lui ferait peut-être changer d'avis. J'avais vraiment envie de passer du temps avec elle et la connaitre un peu plus, et malgré tout ce qu'elle pouvait bien penser, un jour j'arrêterais sûrement de me racheter auprès d'elle - même si ce jour est encore loin d'être arrivé. Camille n'ouvrit pas la bouche après mon petit speech, et j'eus la soudaine envie de pouvoir lire dans ses pensées afin de les décrypter, et de savoir ce qu'elle pouvait bien penser, comme ses impressions sur moi par exemple.

Lorena m'avait suivit. Je lâchais un soupir. Aujourd'hui était vraiment un mauvais jour. Déjà, il faisait gris et je détestais ça ! En plus, aujourd'hui j''était vraiment d'humeur exécrable. Enfin, c'est surtout ce mois où je n'étais pas dans mon assiette, et quand je vais mal, je ressens le besoin très fort d'envoyer chier les gens. Le seul à me comprendre et a me foutre la paix dans ces moments-là c'est mon armoire à glace de meilleur ami. Andrew. Ce crétin et ses blagues débiles me manquaient un peu trop pour mon propre bien. À part lui, je n'avais pas de réel ami. J'avais eu des amis, mais après … la … mort de maman, je m'étais considérablement éloignée d'eux. Puis, pour la plupart ils vivaient toujours en France. Comme à chaque fois, mon cœur se brisa alors que je repensais à ma mère. Elle me manquait affreusement. Je retiens mes larmes de justesse. Je n'avais pas le droit de pleurer au milieu du réfectoire, bondée. La voix de ma voisine de table, que j'avais complètement oublié me sortit de mes pensées. « Oh, ça ne va pas ? Tu sais que tu peux tout me dire hein, je suis là pour t'écouter et te conseiller ... Quand on va mal, on doit partager sa peine avec quelqu'un, il ne faut pas garder ça pour soi … » Je ne pus m'empêcher de sourire malgré moi. J'en avais parlé, mais peu de gens comprenait. Tant que l'on avait pas perdu un être chère, on ne pouvait pas comprendre. J'avais à peine écouter son discours de pédopsychiatre. « Si tu es venu manger avec moi, pour me dire que je dois parler, que je dois tout déballer sur mes secrets les plus profonds, ce n'est pas la peine. Mon meilleur ami est déjà passé par là, et dieu seul sait qu'il est le seul que j'écoute. » Aujourd'hui était vraiment un mauvais jour. Je savais que ma réponse pourrait paraître froide, ou quoi que soit, et pour une fois dans ma vie, je n'avais pas envie de m'excuser, de rattraper le coup ou quoi que soit. « Enfin, je veux dire que, si tu le souhaites bien entendu, tu pourrais me raconter tes malheurs, et je serais là. » Je gardais la tête baissé. Je n'avais pas envie, et surtout je n'arrivais pas à parler de la mort de maman. C'était trop dur. Je sentis les larmes monter à mes yeux. Une perle d'eau passa la barrière de mes yeux. Je l'a laissais glissé le long de ma joue. Mes dents étaient serrées. Mes lèvres complètement pincées. J'essayais de les retenir. Je n'y arrivais pas. Il y a huit ans, on fêtait mon anniversaire tout les trois. Ma mère m'embrassait alors que je soufflais mes neuf bougies. Je déglutis. Un an après, elle n'était plus là. Elle n'étais pas sur la photo de famille. Mon père et moi avions les yeux rouges, bouffis, des mines fatiguées, affreuses. Sur la table, mon poing droit se serra. Mes phalanges blanchissaient à vue d'œil. Ma main droite tenait fermement ma cuisse. J'essayais de me contrôler. De rester calme, de ne pas craquer. J'essuyais la trace qu'avait laissé ma larme. Je me sentais mal. Je savais mon coeur au bord de mes lèvres. J'avais l'impression que si je déserrais ma mâchoire, mon maigre petit-déjeuner allait finir sur mon plateau. Je devais lui faire comprendre, qu'en ce moment, je voulais être seule. Que je ne voulais pas parler, que je ne voulais qu'elle se rattrape pour la bourde qu'elle a fait. « Écoute. Tu es gentille, mais laisse-moi. Je déteste raviver les souvenirs. Tels qu'ils soient. Surtout en ce moment. » Je relevais les yeux, et croisais rapidement ceux de Lorena. Je regardais par la fenêtre. Croisant les bras sur ma poitrine, je réprimais un sanglot. Je ne voyais rien, tellement mes yeux étaient remplis d'eau salées. Ma mâchoire était toujours aussi contractée. Dehors, le ciel s'assombrissait. Une fine pluie commençait à s'abattre sur les vitres. Le ciel se déchira. La foudre l'illumina complètement, le séparant en deux. On voyait ce trait, cette zébrure déchirer le ciel. Le temps reflétait mes états d'âmes. Un endroit sombre où tout ce mélangeaient. Le KO. Voilà à quoi je ressemblais de l'intérieur. Je n'étais plus rien. Mais avais-je seulement été une fois quelque chose ? Oui. Mais à une époque trop lointaine. Un élan de douleur me déchira de l'intérieur. Quelques larmes coulèrent. Mon poing s'abattit sur la table. Je détestais montrer mes sentiments. Je me détestais. Je haïssais cette fille face à moi. Je détournais la tête et plongeais mes yeux verts embuées de larmes, d'où je savais que la peine était lisible, dans les siens. « Je t'en supplie. Laisse-moi tranquille. On aurait pu être amie, mais à force que tu veuille te rattraper pour avoir parler de ma défunte mère, je te supporte plus. Par pitié, laisse-moi dans ma peine et dans ma douleur. »

[Hors RP : Mon dieu c'est nul :! -.-

C'était à une fille au visage baigné de larmes auquel je faisais désormais face. Je me sentais complètement impuissante face à l'immense tristesse que ressentait Camille à ce moment précis : je n'avais jamais perdu de proche parent, et je ne pouvais donc pas imaginer sa souffrance, car perdre sa mère n'était pas une chose qu'on oubliait facilement … Je me sentais très ridicule, repensant à ma façon de lui remonter le moral, d'éprouver de la pitié pour elle … Je devais vraiment lui taper sur le système, à toujours essayer de trouver un stratagème ingénieux pour me racheter d'une simple et unique erreur que j'avais commise ! Malheureusement, il faudrait que je prenne vraiment sur moi pour enfin lui parler en véritable amie, et arrêter de me conduire en « chevalier servant », toujours à l'affut de la moindre occasion de me faire pardonner. « Je t'en supplie. Laisse-moi tranquille. On aurait pu être amie, mais à force que tu veuille te rattraper pour avoir parler de ma défunte mère, je te supporte plus. Par pitié, laisse-moi dans ma peine et dans ma douleur. » Lorsqu'elle prononça cette phrase, cela me fit comme un énorme coup de poing dans le ventre, tellement fort que j'en eux envie de pleurer. Je ne m'étais vraiment pas rendue compte de la haine que j'inspirais à cette fille, là, devant moi. Je pensais qu'on était amies, malgré le fait que c'était toujours moi qui la réconfortait, et jamais l'inverse. J'avais nourri tellement d'illusions envers cette personne que tout s'écroulait en moins d'une fraction de seconde. Étant d'un naturel très sensible, et cette révélation me révélant ma nature à fleur de peau, je rougis fortement et commençais à m'éloigner de Camille quand je me dis qu'elle méritait que je m'explique, du moins que je tente de lu offrir des explications plausibles à ma conduite. Je devais être franche, comme je l'avais toujours été. Même si ça faisait mal, c'était toujours mieux d'entendre la vérité au lieu de subterfuges inventés pour la masquer. Je pris une grande inspiration, retournais vers Camille et me lançais. « Tu sais, si j'essaie constamment de me racheter auprès de toi, c'est car j'ai l'impression que rien ne t'as épargnée dans la vie, et que tu avais besoin que je sois là pour t'aider. De plus, je n'ai pas l'habitude de lâcher le morceau aussi facilement, quand j'ai une idée dans la tête on ne peux pas vraiment me la retirer. Je suis comme ça, et je pensais que tu m'accepterais telle que je suis. Maintenant, si tu ne veux plus qu'on soit amies, dis le simplement, et j'essayerais de me tenir loin de toi, c'est aussi simple que toi. Saches juste que si ton unique souhait est que j'arrête de culpabiliser envers ce fâcheux accident d'il y a bientôt un mois, fais-moi par de ce souhait, j'arrêterais de chercher des moyens pour te rendre la vie facile, ou bien pour t'aider. Et là, enfin, on pourrait être amies. Seulement si tu le souhaites. » J'avais dis tout ça d'une seule traite, n'ayant pour allié qu'un seul souffle. Je haletais à la fin de mes confessions, si l'on peut appeler cela ainsi. Pendant ce petit discours, j'avais regardé Camille droit dans les yeux, et avais pu lire au fond d'elle qu'elle écoutait bien mes paroles, même si elle faisait semblait d'être intouchable, sourde à tout ce que je pourrais trouver à redire. J'avais réussi à lui exposer mon point de vue, maintenant c'était à elle de décider de ce qu'elle voulait. Ayant marre de tenir mon plateau qui commençait à me faire mal aux bras, je m'avançais vers la table repérée par Camille, l'y posait et m'y installais. « Alors, veux-tu manger avec moi ou non ? » Dilemme.

Je savais que je l'avais blessée. Mais là, je n'en pouvais plus. Si seulement elle arrêtait d'essayer de se rattraper, nous pourrions être amies. Je le savais. Lorena n'était pas une personne méchante dans le fond. Au contraire, elle avait l'air d'être une super fille. Je voulais seulement éviter ce sujet là. Je ne la détestais pas, mais qu'elle essaie constamment de se rattraper commençait à me courir sur le haricot. Et quand je pouvais devenir invivable dans ses moments-là. Me rendant compte de mon comportement horrible, j'allais ouvrir la bouche pour m'excuser, quand elle me devança. « Tu sais, si j'essaie constamment de me racheter auprès de toi, c'est car j'ai l'impression que rien ne t'as épargnée dans la vie, et que tu avais besoin que je sois là pour t'aider. De plus, je n'ai pas l'habitude de lâcher le morceau aussi facilement, quand j'ai une idée dans la tête on ne peux pas vraiment me la retirer. Je suis comme ça, et je pensais que tu m'accepterais telle que je suis. Maintenant, si tu ne veux plus qu'on soit amies, dis le simplement, et j'essayerais de me tenir loin de toi, c'est aussi simple que toi. Saches juste que si ton unique souhait est que j'arrête de culpabiliser envers ce fâcheux accident d'il y a bientôt un mois, fais-moi par de ce souhait, j'arrêterais de chercher des moyens pour te rendre la vie facile, ou bien pour t'aider. Et là, enfin, on pourrait être amies. Seulement si tu le souhaites. » Malgré moi, je ne pus empêcher un sourire naître sur mes lèvres. Ok, alors on était deux à être coriace. Oui, rien ne m'avait épargné dans la vie, mais j'avais appris à vivre avec la douleur, la peine et les regrets. J'avais appris à m'accrocher, même à des choses futiles et idiotes, mais je ne voulais plus re-sombrer. Je savais que je devais en parler, mais me forcer ne servait, ce qu'inconscient Lorena avait fait. Elle voulait que je lui déballe ma vie en quelque sorte et à par me braquer, elle n'avait réussi à ne rien faire d'autre. J'essuyais les traces que mes larmes avaient laissés et levais les yeux vers elle. « Je crois qu'on est toutes les deux partis sur de mauvaises bases. En faite, si tu me pousses à te raconter la source de mon mal-être, j'ai tendance à me braquer. Et le seul moyen, pour moi, de me protéger est de devenir agressive et de faire fuir les autres au lieu de me tourner vers eux. Maintenant, si tu me promets de me lâcher avec cette histoire et de ma laisser la possibilité de m'ouvrir moi-même à toi, alors il y aura peut-être une chance pour que l'on devienne amies toutes les deux. » Je voulus rajouter quelque chose, mais elle posa son plateau sur la table, sûrement en avait-elle marre de le porter. « Alors, veux-tu manger avec moi ou non ? » Je souris comme une idiote. Comme l'idiote que j'étais. « Tu as plutôt intérêt à poser ton cul sur cette chaise, sinon je vais m'énerver Pride ! » Je la regardais droit dans les yeux, pour bien lui faire comprendre, qu'en s'asseyant ici, nous allions peut-être pouvoir devenir amies. « Avant de commencer les grands discours philosophiques, sache que j'ai un foutu caractère de merde et que je suis le genre de fille à être affreusement lunatique. » Je grimaçais. Combien de fois ce trait de caractère m'avait porté préjudice ? Combien de personnes avais-je failli perdre à cause de ça ? Combien de larmes avaient coulées, parce que d'un coup les remords et la douleur devenaient trop fort et dans la seconde d'après, je riais. Même moi je n'arrivais pas à me comprendre. Je soupirais, en faite je me fatiguais moi-même. « Je m'excuse pour mon comportement, mais je n'arrive pas à parler de ma mère. Et j'ai toujours entendu des gens qui se plaignaient de leurs mères et j'ai eu l'impression que tu faisais partie de ces gens. Alors le faite que tu veuille te rattraper, parce que malgré toi tu m'as blessé me gonflait plus que nécessaire. Je ne sais même pas pourquoi, parce que je ne suis pas le genre de fille à cataloguer les gens comme ça, sans les connaître. Et ... » J'éclatais de rire. J'essayais de rattraper le coup face à Lorena, alors qu'il y a peine quelques minutes je l'avais descendu plus bas que terre. Elle n'allait décidément rien comprendre. « Maintenant, si tu veux partir et ne plus jamais me reparler je le comprendrais parfaitement et je ne t'en voudrais absolument pas. »

J'étais si heureuse de pouvoir avoir le droit à une deuxième chance avec Camille qu'un sourire qui en disait long s'empara de mon visage, et le transformait en une représentation pure de la plus grande joie qu'on peut éprouver. Ainsi, j'allais pouvoir avoir une discussion normale, avec une fille que je devrais désormais considérer comme normale, tout en essayant d'être normale moi-même. Que de changements, mais j'étais prête à faire des concessions si c'était pour vaincre mon foutu caractère qui, jusqu'à présent avec Camille, ne m'avait qu'attiré des ennuis, et pas les moindres. « (...) Maintenant, si tu veux partir et ne plus jamais me reparler je le comprendrais parfaitement et je ne t'en voudrais absolument pas. » Après son majestueux discours, je comprit enfin quel était le problème quand je tentais de me racheter, et la peine et l'énorme colère que ça lui donnait. Oh, que j'aurais aimé le savoir avant, cela m'aurait épargné beaucoup de fautes et de salive, tout cela pour la vexer et la braquer davantage ! Comme elle m'y avait invitée, je m'assis sur la chaise en face de celle qu'elle occupait, et me préparait à une longue discussion qui était censée calmer nos démons à toutes les deux. " Oh, saches que moi aussi j'ai un foutu caractère, comme tu as déjà pu le voir d'ailleurs ! Je suis déterminée, beaucoup trop même, et je suis tout comme tout lunatique, mais ça je n'y peux rien vois-tu ! Je suis très contente que tu me laisse une seconde chance, et que tu "pardonnes" tout ce que j'ai pu faire ou dire auparavant ... Je suis tellement bête, et je m'en rends compte seulement maintenant ... Si tu le souhaites, j'aimerais qu'on aie dorénavant des discussions normales, qui ne tournent pas qu'autour de problèmes, d'excuses ... Ça te dis ? " Je souriais, tout comme Camille. J'avais sûrement marqué un point, et nos anciennes discussions ne nous manqueraient sûrement pas, comparées aux (nombreuses j'éspère !) nouvelles qui nous attendaient.

Pourquoi avais-je été si sèche, si méchante avec Lorena ? J'avais vraiment un foutu caractère de merde et j'avais vraiment du mal. Rare était les personnes comme Lorena qui insistaient pour absolument vouloir se racheter. En fait, ce n'était pas tellement le fait qu'elle parle de ma défunte mère, mais plutôt le fait qu'elle essaie constamment de se racheter, qui m'avait foutu hors de moi. Je voulais que l'on ai des discussions normales, comme deux étudiantes normales, dans une fac normale, qu'on se parle normalement sans se gueuler dessus. Lorena me souriait. On allait enfin pouvoir parler comme deux êtres normalement constituées, sans se hurler dessus et sans blesser l'autre. J'espérais de tout cœur, qu'elle mettrait sa rancœur vis-à-vis de moi de côté, et que l'on pourrait peut-être devenir amie. Civilisée Camille. Même si aujourd'hui est une journée pourrie, qu'il fait froid, que ton père te manque, que ta mère te manque énormément, que tu culpabilise énormément, soit pour une fois une personne ultra sympa. « Tu as quoi comme cours après ? » Super le lancement de discussion. Franchement, j'aurais pas fais mieux. Je retiens une grimace, mais fronçais les sourcils. Je détestais manquer de conversation et là, j'en manquais cruellement. « J'ai droit pénal. Je ne sais pas où je suis, mais je sais que j'ai ça. Au faite, tu fais quelque chose pendant les fêtes ? Parce que j'ai entendu dire qu'il y allait y avoir une fête ou je sais pas quoi, mais qu'ils allaient organiser un truc à la fac, et j'me demandais si t'as te disais qu'on y aille ensemble ? » Après tout, j'allais sûrement m'y rendre, alors pourquoi ne pas y aller avec quelqu'un que je connais ? Même si avec Lorena nous étions parties sur de mauvaises bases. Je baillais et m'étirais un petit peu. Je posais ma tête sur mes bras, repoussant légèrement mon plateau. J'étais fatiguée. J'avais parlé avec mon père hier soir, et j'avais été obligé de l'appeler assez tard, pour que ça corresponde à une heure décente chez lui. « Excuse-moi, mais je suis vraiment crevée. J'ai du veiller tard, hier, parce que j'ai eu mon père au téléphone et vu qu'il vit en France. » Je grimaçais en étouffant un bâillement ce qui devait donner une drôle de grimace. Je plantais ma fourchette dans mon repas et le commençais à manger lentement, mes yeux fixés sur le verre d'eau devant moi, qui bougeait. Enfin l'eau, pas le verre. Je fermais les yeux quelques instants, puis les rouvris. Je ne pouvais pas m'endormir à table. Je me relevais et ramenais mes bras sur ma poitrine. Un frisson parcouru mon dos. « T'as pas froid ? » Il ne m'était pas le chauffage ces abrutis ou quoi ? On est en plein hiver, il fait froid et le chauffage ne marche pas ?! Je renfilais ma veste et tentais de me réchauffer du mieux que je pouvais.

C'est pas terrible, désolée pour l'attente, surtout pour ça quoi -.-

La discussion avec Camille patinait. Après des questions du genre « Tu as quoi comme cours après ? », ou bien « T'as pas froid ? », nous étions encore là à nous regarder toutes les deux, comme deux filles pratiquement inconnues - ce que nous étions en réalité. Néanmoins, j'appréciais ses efforts pour être plus sociable et gentille qu'à son habitude, et tâchais de continuer sur sa belle lancée. " Oh après, il me semble que j'ai maths, génial ! Je crois que c'est dans le même bâtiment que pour le droit pénal, non ? " Puis, elle parla d'un truc organisé par l'université pour les fêtes de fin d'année. Un bal, une soirée apparemment. Et bien, on peut dire que je n'étais jamais au courant de rien ici ! " Et bien oui pourquoi pas ! On pourra même passer un peu de temps ensemble avant, histoire de trouver nos tenues, nos make-up pour la soirée ... Et puis aussi, ça sera l'occasion d'encore mieux se connaitre ! " J'étais réellement enchantée par cette perspective, car comme je l'avais déja remarqué, Camille pouvait être une jeune fille tout à fait remarquable quand elle le voulait, et j'aimais beaucoup les gens comme elle. La conversation était tout à coup morte, quand Camille me demanda si je n'avais pas froid. A vrai dire, j'avais l'impression d'être un glaçon vivant, avec mon petit pull et ma veste toute fine. " Oh oui, je crois que je ne peux plus bouger les doigts tellement je suis gelée ! Tu crois qu'ils sont si radins qu'ils ne mettent même pas le chauffage ? " Et voila, encore une phrase complètement débile by Lorena. Je n'avais que des inepties à dire en ce moment, c'était tout moi ça ! Pourtant, je me retins d'éclater de rire quand je vis que Camille était prête à tomber dans son assiette, tellement la fatigue s'emparait d'elle ! Je réprimais un sourire quand elle se remit droite sur sa chaise, comme si rien ne c'était passé. Nous étions deux à avoir terriblement sommeil, et je me demandais si nous n'allions pas finir par être réveillées une heure plus tard par les rires des autres élèves, nous admirant dormir sur une table de la cantine. Ce serait vraiment pitoyable ! Afin de rester éveillée, il fallait à tout prix que la conversation reprenne, et à un rythme plus soutenu si possible. " Alors, tu ne m'as pas dis dans quel but tu es venue ici ? Ou ce que tu voudrais devenir dans quelques années ... Des idées ? " Bateau. Des questions sur son plan d'étude. Comme si ses parents, son père pardon, ne lui posait pas déja assez de questions comme ça.

Désolé, je n'avais pas vu que tu avais répondu ! Quelle gourde --'

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