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CHAPITRE 1« Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours. » Marguerite Duras
Il a été dit que le 20 janvier 1991, à la une du plus grand journal de la capitale, on pouvait lire en gros titre « Ma princesse est née ». L'article décrivait très précisément les traits d'une princesse brune, au regard sombre et profond. Un simple sourire de sa part et on pouvait se dire heureux, cela signifiait qu'elle nous appréciait. A ce qu'il parait, la princesse c'était elle, Maëlle Réjane Deschamps.
Seulement la concernée ne s'en souviens pas. Peut-être parce que finalement, c'était trop banal; avoir sa photo dans tous les magazines, c'est bien pour certaines personnes mais peut-être pas assez pour elle. Quand on vit dans ce monde, difficile de ne pas être capricieuse. D'ailleurs, le souvenir marquant de la jolie brune est le jour où - à l'age de cinq ans - elle demanda à avoir une petite sœur. Jouer à la poupée c'était bien, en avoir une vivante c'était mieux. Elle comprit seulement quelques heures après que cela serait tout simplement impossible. Sa mère avait crié, pleuré. Elle fut tout d'abord surprise, ne s'attendant pas à cette réaction même si, cependant, elle avait déjà vu sa mère verser des larmes. Une fois parce qu'elle avait décidé d'élever une famille de petits oiseaux ayant pour nid les nouveaux patrons de la nouvelle collection de vêtements de sa mère et une autre fois parce qu'elle exprimait ses talents d'artistes sur le mur du salon fraichement repeint par un décorateur célèbre. Mais là n'était pas le problème, sa mère était tout simplement stérile et ça depuis la naissance de la jeune fille. Maëlle avait touché un point faible mais souriait quand même. Elle était là elle.
Puis son monde magique repris son court : ses copines venaient pour essayer de se maquiller avec le maquillage haut de gamme qu'elle possédait déjà malgré son jeune age, faisaient des soirées dans sa chambre remplie de jouets - qui finissaient souvent à la poubelle parce que le lendemain, elle ne voulait plus jouer avec alors que la veille c'était son jouet préféré.. C'était le paradis, ça l'est toujours. Gâtée est surement le bon mot, elle l'avoue. Elle aimait être le centre de l'attention, passer quelques instants lors d'une réunion à son père et dialoguer avec eux comme si elle était chef même si le sujet l'échappait un peu.
Seulement l'enfance passe parfois trop rapidement. On a à peine le temps d'ouvrir notre paquet de Noël sous le sapin grandeur nature que nous sommes déjà majeurs...
♣ CHAPITRE 2
« Il faut boire jusqu'à l'ivresse sa jeunesse, car tous les instants de nos vingt ans nous sont comptés, et jamais plus le temps perdu ne nous fait face. » Charles Aznavour
Mais Maëlle a aimait la période de l'adolescence. Ah la jeunesse dorée des toits parisiens ! Tout le monde dit que ce sont les meilleurs années et ces gens là ont tout simplement raison, elle s'est éclatée comme une folle. Déjà à l'école, elle avait un grand cercle d'amis et aimait connaitre leur vie, les derniers ragots éveillaient toujours sa curiosité. La découverte du sexe masculin et les déboires aussi. Elle se souvient de Thomas, le beau gosse du collège qui refusait ses avances et qui l'obligea alors à découvrir toutes les faces encore cachées de sa personnalité. Charmeuse, stratège et persévérante, elle réussi finalement à le conquérir en l'ignorant au profit du meilleur ami du garçon. Rend le jaloux - conseil toujours donné pour reconquérir - ou au contraire - se venger.
Au lycée, c'était la même chanson, voire pire. Une fois les atouts sortis, le mot garçon était le seul qu'elle avait à la bouche. Les études passaient en second, grâce à Isa - la blonde aux cheveux sales qui passaient ses journées à la bibliothèque - qui lui faisait gentiment ses dissertations contente d'avoir un peu d'attention de la part de Maëlle. La journée passait, les soirées commençaient et les premières fois devaient des deuxièmes, troisième, quatrième fois. Mais si en apparence tout se passait bien dans sa vie, elle ne pouvait pas fermer les yeux sur le fait qu'elle décevait ses parents, elle qui était tant chouchouter. Et ce n'est pas l'alcool, le sexe et les cigarettes qui l'aident dans tout ça.
D'un coup, la jolie brune ne fit plus la fierté de ses parents. Les sourires avaient disparus, les mots doux aussi. Elle décida alors qu'elle devait surement se remettre en question. Après tout, ses parents l'avaient fait grandir dans un univers magique, elle leur devait bien ça. Elle changea alors, arrêta ses soirées à répétition et décida d'être plus sérieuse. Elle commença à aider sa mère dans son atelier de mode. Puis elle rencontra un garçon et pensa que c'était le bon pour essayer de commencer une relation sérieuse, qui ferait en plus d'attendrir son cœur, regagner la fierté de ses parents. Elle s'accrocha au jeune homme et se rendit compte qu'elle avait un cœur. Pendant six mois, elle était heureuse avec lui et sa vie prenait un chemin plutôt plaisant : il savait prendre soin d'elle et c'était réciproque. Seulement, elle sentit petit à petit que ce n'était pas elle, que c'était plus une nécessité qu'une réelle décision même si, elle l'avoue encore aujourd'hui, ce garçon était un bonheur. Le naturel est revenu plus tôt que prévu. Elle lâcha tout le soir même puis partit s'amuser toute la nuit, toute la semaine.
Elle n'a que dix neuf ans, le temps de s'amuser encore un peu d'après elle. Mais toutes actions à des conséquences. Elle fut envoyé ici, notamment dans cette aventure à Amsterdam, loin de ses habitudes. Qu'elle réfléchisse, ça ne peut que lui faire du bien.