LET ME HOLD YOUR HAND

C’était la première fois depuis leur arrivé qu’il pouvait profiter d’une promenade en amoureux. Ils continuaient de se voir à l’université, pendant les repas, ou autre, mais rien de bien intime. A chaque fois que l’un était libre, l’autre était en cours, ou alors quand ils voulaient aller marcher le long des canaux, il y avait du mauvais temps, etc... Et enfin, ils avaient pu trouver un moment pour se consacrer l’un à l’autre. Caleb avait pensé que pour une première visite en amoureux, découvrir Amsterdam by night aurait pu être une bonne idée, et c’est donc après les cours d’Emily, qu’il était parti l’attendre devant sa chambre pour qu’elle puisse y déposer ses affaires, et ils purent partirent ensemble.

Leur couple était un peu insolite, c’est vrai. On leur avait déjà plusieurs fois fait la remarque mais ils s’en amusaient. Lui étant plutôt du style classique, s’habillant avec un jean, et un t-shirt cheveux très légèrement ébouriffés, et elle mettant des pantalons rouge à carreaux, des t-shirt jaune, se teignant les cheveux de toutes sortes de couleurs vives. Il n’y avait pas que leur façon de s’habiller ou de se coiffer qui pouvait amuser les autres. Lui, étant très grand et elle assez petite, les gens se moquaient souvent de la trentaine de centimètre d’écart entre le deux. Mais là encore, ils s’en moquaient. En fait Caleb aimait ça. Il se sentait un peu en position de protecteur face à Emily. Et puis, les français ont coutumes de dire que tout ce qui est petit est mignon, Emily en était la preuve parfaite. La tenant par la main, il sentait que ses doigts étaient froids.

T’as froid ? Tu veux qu’on rentre et qu’on remette à un autre jour ?

Intérieurement, il espérait qu’elle dise non et qu’elle décide de continuer tout de même. Et en voyant que justement elle voulait elle aussi resté dehors avec lui, il fut content. Il décida donc de trouver un endroit où s’abriter du froid pendant quelques minutes. Ils se racontaient leurs premières impressions quant à la fac notamment. Au détour d’une rue, il vit un bar qui avait l’air assez accueillant et semblait avoir une bonne ambiance. Ils n’étaient pas de grand buveur, mais ils ne refusaient jamais une bière.

Hey, ça te dit qu’on aille la bas ? Ca à l’air sympa, et puis ça te réchauffera peut être.

Elle accepta et ils purent donc tout deux se diriger vers le bar. Ils eurent à peine le temps de franchir le pas de la porte, que les conversations environnantes leurs venait aux oreilles. Ils n’y prêtèrent pas attention, et se dirigèrent vers une table de deux qui était libre, s’y asseyant, et attendant que le serveur vienne prendre leur commande. Il enleva son écharpe et la lui tendit voyant qu’elle s’enfonçait un peu plus dans son manteau.

Oh je t’ai pas raconté. Mon prof d’étude d’article a une fâcheuse tendance à faire des longues pauses entre deux phrases. Je te raconte pas le cours. Le pire, c’est quand il oublie ce dont il était en train de parler. Enfin bref, sinon t’as déjà été visité les alentours avec un groupe ?

Car l’université d’Amsterdam organisait des groupes d’une dizaine d’élèves pour aller visiter la ville. Ils ne suivaient pas forcément les même cours, ne venaient pas forcément du même pays, et justement, ça les pousserait à faire connaissance plus vite avec les autres élèves. Bien sur, Caleb et Emily n’étaient pas dans le même groupe, ça aurait été trop beau. Le serveur retourna vers eux, avec leurs boissons. Caleb avait pris une bière, et faisait très attention a ne pas se mettre de mousse dans sa barbe. Ca aurait été gênant comme situation…

LET ME HOLD YOU, LET ME HOLD YOU

Emily était très excitée: pour la première fois depuis quelques temps, elle allait pouvoir passer du temps seule avec Caleb. En effet, le programme de leurs études à Amsterdam était bien plus rempli qu'ils ne l'imaginaient. Entre les cours, les découvertes de la ville en groupe, ils n'avaient que très peu le temps de se voir. En plus, ils n'avaient que rarement l'occasion de se retrouver seuls, les dortoirs étant non-mixtes, et il était rare de pouvoir trouver un petit coin tranquille, libre de toute agitation. C'est pourquoi quand Caleb lui proposa de découvrir Amsterdam -"by night" comme il disait -, elle accepta avec grand plaisir. En plus, Amsterdam était une ville bien plus romantique que l'on ne pouvait l'imaginer. Alors pour un rendez-vous entre amoureux, il n'y avait rien de plus parfait.
Emily aimait profondément Caleb. Leur couple était d'ailleurs assez atypique, tant ils paraissaient différents. D'un coté, le grand garçon bien habillé, et de l'autre la petite demoiselle aux cheveux de couleurs vives et au style vestimentaire assez particulier. Au début, elle l'avait d'ailleurs pris pour un de ces garçons superficiels, elle le croyait comme les autres. Mais finalement, en apprenant à le connaître, elle découvrit un garçon adorable, charmant. Il l'avait changée. Avant, elle n'était en quelque sorte qu'une rebelle en pleine crise d'adolescence, elle n'était désormais plus aussi refermée et aigrie contre le monde. Elle était restée la même, en s'adoucissant un peu. Cela se voyait dans son style vestimentaire, elle s'habillait mieux, accordant les couleurs entre elles, sans pour autant perdre son style. En parlant de vêtements, en rentrant des cours, elle posa ses affaires dans sa chambre et sa changea. Elle s'était vétue d'une jupe noire, à clous -mais pas des pointus-, avec deux collants noirs et des bottines à légers talons. Elle rassembla sa chevelure auburne dans une queue de cheval peu ordonnée, rpis son sac et sortit retrouver Caleb. Ils partirent tous deux, marcher le long des canaux. Caleb, remarquant qu'elle avait les doigts froids, lui demanda si elle souhaita continuer ou rentrer.

Emily ♦ Mais non ça va, on continue !

Elle n'avait pas bien chaud, mais pas au point de remettre à un autre jour leur balade. Elle voulait rester avec lui. Cependant, quand Caleb lui proposa de faire une halte dans le bar qui se trouvait face à eux, elle ne refusa pas, acquiescant à la question de son petit ami. Ils s'engrouffraient à peine dans le bar, que les conversations environnantes les atteignaient. Il y avait de l'ambiance dans les bars d'Amsterdam, ce qui ne gênait pas Emily, lui rappelant même les pubs anglais. Néanmoins, ils s'installèrent à une table à l'écart, pour être tranquilles. Caleb, voyant que la jeune femme était toute recroquevillée dans son manteau lui tendit son écharpe. Elle la prit et s'y enroula avec grand plaisir, la remerciant évidemment.
Il lui parla ensuite d'un de ses profs, qui avait l'habitude de faire des pauses entre les phrases et d'oublier ce dont il parlait. Cela lui rappelait un des profs qu'ils avaient eu quelques années auparavant, au lycée.

Emily ♦ Effectivement, ça doit pas être triste ! C'est comme Mrs Brown quand on était en terminale, tu sais la prof d'histoire ? C'était pareil, je sais toujours pas comment on a eu notre bac !

A ce souvenir, les deux jeunes gens rirent. Ils se connaissaient depuis assez longtemps pour partager beaucoup de souvenirs, auxquels ils repensaient soit avec nostalgie, soit dans de grands éclats de rire. Ils avaient aussi tous deux un bel avenir mutuel qui s'annonçait. Caleb lui demanda ensuite si elle avait déjà fait le tour avec son groupe d'exploration. Car oui, dans cet échange, des groupes mélangeant américains et français étaient créés, pour que les étudiants découvrent Amsterdam. Le groupe d'Emily n'avait pas été bien loin, comme elle le dit à Caleb:

Emily ♦ Ouais, on a commencé, mais on s'est arrêtés bien vite ! En fait, on a été sur la grande place, et on s'est posé dans le premier bar qui passait. C'était sympa quand même !

Au moins, ils avaient découvert l'ambiance locale, c'était certain, pensa Emily. Le serveur interrompit brièvement leur discussion en leur apportant leurs bières, qu'ils burent tous deux avec plaisir. Emily remarqua que Caleb faisait attention à ne pas s'en mettre sur sa barbe. Elle en rit et lui fit la remarque, tout en lui rendant son écharpe, car elle commençait à se réchauffer:

Emily ♦ Fais bien attention, je veux pas que tu aies de la mousse dans la barbe !

Emily était souvent à l’origine de la bonne humeur de Caleb. Même s’il était au plus bas, elle savait quoi dire, ou quoi faire pour lui remonter le moral. Une vrai fée. Parfois il se disait que c’était impossible de la voir elle-même de mauvaise humeur, c’était aussi ce qui faisait son charme. Evidemment elle n’était pas toujours au top, mais trouvais toujours quelque chose pour que personne ne le remarque. Depuis le temps, Caleb avait réussi a découvrir le moindre de ces subterfuges. Lorsqu’elle a froid par exemple, elle rentre sa tête dans son cou et ses mains ne sortent pas de ses manches de manteau. C’est comme ça qu’il remarqua qu’elle avait froid, en plus des ses doigts glacés.
Malgré tout, comme si elle ne voulait pas le contrarié, elle décida de continuer leur petite escapade nocturne, il n’allait pas s’en plaindre, car l’université était assez stricte sur les relations filles/garçons. Bien sur, ils pouvaient se voir si tant est qu’ils avaient des horaires compatibles, mais ils ne pouvaient pas se voir la nuit par exemple. Oui, ils survivraient à ça mais tout de même. Mais l’heure n’était pas aux complaintes. Il la serra un peu plus a lui, lorsqu’ils continuèrent de marcher, jusqu'à entrer dans le bar.

Effectivement, comme lui avait fait remarquer Emily, ça rappelait les pubs en Angleterre, leur pays d’origine. Il ressentit un petit pincement au cœur en y repensant, mais il le réprima bien vite. Il n’avait pas choisi de participer au programme, pour se morfondre, c’était une chance qu’il y ait été accepté déjà. Et une double chance même qu’il puisse y avoir Emily également.

Oh bah c’est un peu déconcertant parfois, mais je suis sur qu’on s’y fera avec le temps. Attends, mais Mrs Brown, c’est une légende à elle seule ! Et pour le bac, je pense qu’il ont surement augmenté nos notes en histoire, parce que sinon, c’est vrai que je sais pas non plus.

Malgré tout, elle était attachante comme prof. Et leur rire laissait témoigné, non pas de la moquerie, mais plutôt de la mélancolie à se souvenir. Le lycée avait vraiment été une belle période de leur vie, qui ne faisait pourtant que commencer. Puis répondant à sa question, elle lui expliqua sa journée avec son groupe de découverte. Ils avaient tous finis dans un bar, comme aujourd’hui. Comme quoi, les coutumes, des français, n’étaient pas bien différentes de celle des anglais. Caleb et Emily, avait un avantage, étant parfaitement bilingue, ils étaient tout aussi a l’aise avec les Français qu’avec les Américains, alors que visiblement certains n’osait pas aller voir ceux qui parlaient une langue étrangère.

Je suis tombé dans un groupe cool aussi, par contre, nous on a été à la fête foraine. C’était bien marrant et puis c’est une autre approche pour connaitre les personnes je trouve. Par contre ça a mis du temps pour que tout le monde se parle sans penser à la nationalité de l’autre tu vois ?

Le serveur leur apporta leur bière, et pendant qu’il faisait bien attention à ne pas trop lever le verre pour ne pas mettre de la mousse sur sa légère barbe, Emily lui fit la même réflexion. Ils étaient surement relié l’un à l’autre d’une façon quelconque ! Il lui sourit, en passant sa langue sur le haut de ses lèvres pour enlever toute matières clandestine. Elle lui tendit l’écharpe qu’il mis à coté de lui. Il lança un regard autour de lui pour examiner les gens peuplant le bar.

C’est vrai qu’on se croirait en Angleterre. D’ailleurs, tu sais quand sont les prochaines vacances, pour que je le dise à mes parents. Ils veulent que je rentre les voir quand j’ai l’occasion. Je leur manque trop je crois. Tu penses rentrer voir tes parents toi ?

Les parents d’Emily n’étaient pas au courant qu’elles faisaient parti du programme en collaboration entre Yale et la Sorbonne. Mais peut être seraient-ils contents de la voir pendant les vacances. Au pire, il resterait moins chez ses parents, et retournera a Paris plus tôt pour passer plus de temps avec Emily dans cette ville. Selon sa réponse il lui expliquerait le plan de secours.

A l’image d’Emily qui s’était étonnée de fait qu’il y ait une fête foraine dans les parages, Caleb s’étonna qu’elle ne l’ait pas encore remarquée. Comment avait elle pu passer à coté de ça, surtout qu’elle était très imposante. Elle, pourtant à l’affut du moindre son, ou événement pouvant être un temps soit peu festif. Et puis ça lui correspondait toujours très bien. Adorant rigoler, sautiller, etc., c’était surement son endroit préféré au monde. Depuis peu, Caleb s’amusait a comparé sa tête a un ballon. Non pas a cause de la forme ou quoi que ce soit, mais plutôt a cause de la couleur. C’est vrai : il n’y avait pas de ballon noir, ou très peu, pareil pour les ballons blanc… Mais les ballons orange, c’était une autre histoire…

D’ailleurs, au départ, Caleb n’était pas trop dans l’ambiance fête foraine, trouvant limite ça parfois trop puérile, puis à force, Emily l’y avait habitué, et grâce à elle, il aimait ça désormais. D’ailleurs, le jour de sa sortie en groupe, c’était lui le premier qui avait entendu la musique au loin. D’un autre coté, le fait qu’elle ne l’ait pas encore visité était un avantage. Ca lui permettrait de pouvoir l’y emmener un jour quand ils seront tout les deux libres de nouveau.

Ouais l’alcool délie les langues c’est bien connu. Et pour la fête foraine, je t’emmènerais. Faut juste savoir quand. Au pire on profitera des vacances.

Lorsqu’il lui avait dit qu’il fallait qu’il trouve un créneau horaire, Caleb pensa aussitôt aux vacances, qui d’après sa petite amie seraient dans deux ou trois semaines. Deux semaines, ce serait parfait. Il pourrait avoir le temps de prévenir ses parents qu’il rentrerait. Et il avait déjà une idée en tête pour le programme. Il pourrait y revoir ses amis de lycée, de collège, ses voisins et autres. Raconter la vie parisienne, du peu qu’il en aurait vu, et de la vie d’Amsterdam. Tout ça lui donnait encore plus envie, et tout à coup, les deux, voire trois semaines restantes lui semblèrent bien loin.

Il n’avait pas beaucoup profité de Paris. Sa tante lui sous-louait un appartement pour qu’il puisse avoir un toit sur la tête, mais participant à l’échange, il n’y mettait plus les pieds. Il aurait aimé profiter de cet appartement pendant les vacances, pour lui et Emily, mais avec son retour en Angleterre, tout s’annonçait plus compliqué. Il réfléchit à ce qu’il pourrait faire pour essayer de tout de même pouvoir passer quelque temps à Paris.

J’ai une idée, dis moi ce que tu en penses. C’est a propos des vacances. Il reprit un gorgée de sa bière avant de continuer. Moi je vais retourner en Angleterre pour voir mes parents. L’appart que me loue ma tante sera donc vide. Voila ce que je te propose : pendant la moitié des vacances, je vais en Angleterre, et l’autre moitié, je reste à Paris avec toi. L’appart est pas bien grand, mais on tiendra à deux. Ça te tente ?

Les parents de Caleb auraient aimé voir Emily, mais il n’allait pas la forcer à les voir. Et puis, il ne fallait pas que l’appartement de Paris moisisse sans personne. Y laisser Emily l’espace de quelque jours ne pourrait pas faire de mal. Elle pourrait un peu le refaire vivre, découvrir le quartier d’elle-même, les coins sympa etc.

Puis il pensa à son envie de ne pas voir ses parents. C’est vrai qu’ils aimaient bien l’exposer comme un joli trophée, et maintenant qu’Emily s’en était détachée, elle n’avait aucune envie d’y retourner. C’était évidemment compréhensible. Malgré le fait que l’idée proposée semblait l’emballé, même si elle n’avait encore rien dit, Caleb en voyant son visage, comprit qu’il y avait quelque chose d’autre qui n’allait pas. Il réfléchi deux secondes avant de savoir : son frère.

Emily et son frère avaient toujours été proches, d’aussi loin que Caleb puisse se souvenir. C’était surement le seul garçon qui pouvait parler, toucher, rigoler avec Emily, sans que la jalousie de Caleb reprenne le dessus. Il savait donc que la séparation n’était pas facile à vivre, autant du coté d’Emily, mais aussi surement du coté de son frère. Il se demanda comment il pourrait faire plaisir à sa petite amie, sans la forcer à voir ses parents. La chose n’était pas aisée, puis, comme un éclair de génie, l’ampoule au dessus de sa tête s’alluma.

Oh et maintenant que j’y pense, pendant que je suis en Angleterre, ton frère pourrait venir te rendre visite à Paris ? Et ca permettra à tes parents d’avoir de tes nouvelles, au travers d’un regard autre que le tien. Qu’est-ce que tu en penses ?

Normalement, ce plan devait convenir. Et son frère verrait qu’elle est à Paris et non pas à Amsterdam, et pourrait donner de bonnes nouvelles à ses parents, qui quant à eux, pourront toujours continuer de se pavaner au travers de leur fille chérie.

Les deux jeunes gens commençaient déjà à échaffauder des plans pour leurs vacances. Tout d'abord, ils se rendraient à la fête foraine tous les deux. Elle savait qu'au début, ce n'était pas vraiment le truc de Caleb, mais elle l'avait habitué. Puis il lui proposa de lui laisser l'appartement de sa tante pendant qu'il allait chez ses parents, et ensuite de venir la rejoindre.Il faut dire que cet appartement n'avait pas beaucoup été occupé depuis le début de l'année, vu qu'ils étaient rapidement partis pour l'échange. Emily trouvait cette idée très sympa, et la proposition adorable de la part de Caleb, mais il manquait toujours son frère. Et elle n'osa pas l'imposer à Caleb, après tout, c'était son appartement. Mais il la connaissait tellement bien qu'il lui proposa de lui-même qu'il vienne pendant que lui serait en Angleterre. La proposition était assez plaisante, elle répondit donc à Caleb:

Emily ♦ T'es sûr, ça te gêne pas ? Tu sais, tu peux rester plus longtemps chez tes parents, t'es pas obligé de revenir avant pour moi, je comprendrais.

Elle remarqua qu'il n'émettait aucune protestation, il montrait au contraire qu'il était parfaitement d'accord. Elle aurait parfaitement compris qu'il resta avec ses parents pendant plus longtemps, aussi gentils qu'ils étaient, même si elle ne refusait absolument pas qu'ils passent un peu de temps seuls. Elle le remercia donc avec effusion:

Emily ♦ Merci beaucoup Caleb, c'est trop gentil. T'es vraiment génial comme mec.

Elle se rapprocha de lui sur la banquette, lui glissant un tendre : "Je t'aime" à l'oreille. Cela faisait bien trois ans qu'ils étaient ensemble, et pourtant leur amour ne s'était pas évaporé. Ils s'aimaient désormais d'autant plus qu'ils se connaissaient par coeur, et savaient ce que l'autre aimait ou ressentait. Ils avaient appris à vivre avec les défauts de l'autre. Les disputes étaient en plus très rares entre eux deux, ou du moins elles ne duraient pas.
Au début, Emily avait eu un peu peur de participer à cet échange, parce que Amsterdam lui était inconnu, et elle ne savait pas si elle supporterait encore un changement de cadre, de pays. Elle s'imaginait la ville d'Amsterdam comme une ville froide, pas très bien décorée, dans un brouillard permanent. Il faut dire que personne ne l'avait renseignée sur cette ville inconnue, elle n'en avait eu aucun échos. Et puis finalement, elle s'y était habituée. La présence de Caleb à ses cotés y était vraisemblablement pour quelque chose. Elle était même heureuse d'être ici, car la ville s'avérait beaucoup plus accueillante qu'elle ne l'avait cru au premier abord. Et puis, les étudiants étaient également sympas, les Français comme les Américains. Prenant une gorgée de bière, puis reposant son verre, elle dit donc:

Emily ♦ Je suis contente d'être venue ici, je pensais pas que ça allait être si sympa ! Et puis, c'est cool que tu sois là aussi.

Bon, il était clair que si Caleb n'était pas venu, elle n'aurait pas participé à l'échange, d'autant plus que c'était un peu lui qui l'avait décidée à s'inscrire. Alors même s'ils ne pouvaient pas se retrouver autant qu'ils le désiraient, Emily était heureuse comme ça. Elle était désormais nichée contre le torse de son petit ami, au summum de son bonheur.

Le plan lui semblait parfait. Il pourrait profiter de l’Angleterre, de la France et des Pays Bas dans la même occasion. Emily s’assura que c’était bien ce qu’il voulait, et qu’elle comprendrait qu’il veuille rester plus longtemps en Angleterre. Mais non, c’était en effet ce qu’il voulait. Après tout, s’il comptait passer chaque vacance en Angleterre, il rendrait son appartement à sa tante plutôt que de payer quelque chose qu’il n’utilise pas. Et puis il ne pouvait pas se vanter d’être à la Sorbonne s’il ne connaissait même pas Paris ! Oui il avait bien réfléchi, il passerait ses vacances entre les trois pays qui, avec le TGV, n’étaient pas bien longs à relier. Il lui signala donc qu’il ne pourrait pas rester deux semaines en Angleterre, et qu’il ressentirait forcément l’envie de visiter un peu Paris.

Puis il lui proposa l’idée de voir son frère en l’invitant dans son appartement pendant que lui serait à l’étranger. La encore, il avait vu juste et Emily le lui fit remarquer. Rien que de voir son petit air pensif le rendait heureux. Elle échafaudait surement les plans de ses vacances. Et puis le fait de savoir qu’il ne la laissait pas seule dans ce pays inconnu le rassurait beaucoup. Elle le remercia gracieusement.

C’est pour me faire pardonner de t’abandonner quand j’irais en Angleterre.

Elle lui ajouta un « je t’aime ». On dit souvent qu’on ne devrait pas dire je t’aime sans le penser, mais que si on le pense, il faut le dire beaucoup. Certes, Caleb le pensait énormément mais n’était pas vraiment à l’aise pour exprimer ses sentiments à Emily. Ces sentiments étaient réels, tout le monde pouvait en témoigner, mais même après trois ans de relation sérieuse, il n’y arrivait toujours pas. Et même s’il savait qu’Emily en avait conscience, elle aimerait que de temps en temps il lui témoigne son amour oralement. Car les petites attentions ne manquaient pas, mais avec des mots, tout passait mieux.

Il se contenta juste de lui déposer un petit baiser sur le haut du crane. Puis sans rien dire, il réfléchi. Il se demandait se qu’ils seraient en train de faire s’ils étaient restés a Paris, comme leur plan initial leur disait de faire. Ils auraient surement leur petite habitudes de bar ou trainer, ou des endroits ou passer une soirée tranquille tout les deux, ou tout les deux sur le canapé de Caleb. S’il serait resté à Paris, il aurait proposé a Emily de vivre avec lui dans son minable appart. Rien de sérieux engageant au mariage, ils avaient le temps pour ça, mais au moins, même avec les cours, ils auraient pu passer du temps ensemble. Pas comme ici.

Tout était pourtant si beau comme décor à Amsterdam. Caleb avait souvent nourri l’envie d’y aller, d’y emmener Emily pour profiter de cette ville a deux. Et le voila justement avec elle, dans cette ville. Elle lui avoua être contente de s’être inscrite à l’échange, et que c’était mieux qu’ils soient ensemble.

Quand j’ai vu la liste d’inscription, la seule chose qui m’a empêché de sauter sur la feuille pour y mettre mon nom, c’était toi. Je voulais t’en parler, pour voir si tu étais d’accord pour participer aussi. Sinon je serais jamais parti sans toi.

Peut-être sa jalousie maladive était-elle actuellement en train de parler. Pas maladive mais tout de même. Caleb n’avait aucun problème de la voir parler ou rigoler avec un autre garçon, mais franchement, partir aussi longtemps sans sa petite amie, personne ne pourrait accepter. Il avait confiance en Emily, il n’y avait aucun doute la dessus, mais il ne faisait pas confiance à tous ces garçons en proie à une jolie fille.

Elle se colla un peu plus à lui, et il en profita pour passer son bras autour de son épaule, comme pour se lier encore plus. Il finit sa bière d’une traite finale, avant de reposer son verre sur la table. Puis il interrompit ce moment de détente et de bonheur mutuel, en reprenant la parole

Mais ton frère est au courant que tu es à Amsterdam, ou lui non plus ne le sais pas ? Pour pas faire de gaffe si jamais on est amené à se croiser à Paris. D’ailleurs, j’aimerais bien le voir, ça fait un bail…

Caleb se contenta de l'embrasser sur le front quand elle lui dit qu'elle l'aimait. Alors bien sûr, depuis le temps, elle avait compris qu'il avait des difficultés à lui dire, à lui avouer ses sentiments. Mais, elle espérait toujours qu'il allait lui dire, ça fait toujours du bien de se l'entendre dire. Mais depuis le temps, elle ne s'en offusquait plus; avec l'habitude, elle ne le prenait pas personnellement. Alors, elle attendait le jour où il le dirait clairement et spontanément avec une grande impatience.
Emily se demandait toujours a quoi ressemblait vraiment Paris. Etait-ce une ville aussi magique que tout le monde le disait ? Elle se l'imaginait en tout cas de cette manière, et avait donc hate de confirmer ou d'infirmer ce préjugé. Elle avait hate de pouvoir déhambuler dans Paris, le soir ou dans la journée, passer devant les belles vitrines, gambader sur les grands boulevards, visiter le Louvre, et si possible en faire le plus possible avec Caleb. Et puis, vivre tous les deux, passer du temps ensemble, c'était devenu comme un rêve inacessible, tant ils ne pouvaient que peu se voir ici.Elle rêvait de s'endormir dans ses bras, de passer une soirée tous les deux, ne serait-ce même qu'à regarder la télé. Des préoccupations assez pragmatiques, mais dont ils étaient privés ici. Mais leur vie ici n'en était pas moins très agréable, avec certains cotés mieux et d'autres moins bien que s'ils étaient restés à Paris, c'est évident.
Puis il lui dit qu'il tenait absolument à lui demander son avis avant de signer pour venir ici, car il ne serait pas parti sans elle. Emily, dans un élan de spontanéité assez habituel lui répondit:

Emily ♦ Bah j'espère bien que tu serais pas parti sans moi, non mais je rêve !

La jeune femme éclata de rire, car le ton indigné qu'elle avait feint d'employer ne lui correspondait pas, et était surtout très éloigné de la réalité. Elle ne voulait évidemment pas qu'ils soient éloignés, mais elle aurait compris s'il avait fait ce choix, car elle même avait choisi de venir à la Sorbonne sans trop tenir compte des aspirations d'avenir de son petit ami. Quelle n'avait donc pas été sa surprise quand il lui annonça qu'il était lui aussi pris à la Sorbonne ! Donc, elle aurait été très mal placée pour critiquer le choix qu'il aurait pu faire.
Mais elle savait que d'un autre coté, Caleb avait tendance à être jaloux, et la laisser seule à Paris l'aurait donc rongé d'inquiétude, Emily le savait. Elle plaisantait souvent le jeune homme sur cet aspect de sa personnalité, même si parfois elle le lui reprochait de manière plus virulente, car il pouvait parfois être excessif. Elle ? Elle pouvait également être jalouse, elle le reconnaissait. Notamment à l'encontre des filles parfaites, grandes, blondes, et autres, comme celle avait qui Caleb sortait auparavant. Elle souffrait toujours d'un léger complexe d'infériorité par rapport à elles, mais ne le montrait que rarement. Effectivement, c'est assez difficile à admettre pour une fille qui veut justement se détacher de ce moule et se montrer rebelle.
Lorsque Emily vint se blottir contre son petit ami, il mit son bras autour de ses épaules. Puis il revint au sujet précédent, demandant si son frère était au courant pour leur escapade longue durée à Amsterdam. L'intention était louable, il avait envie d'éviter de faire des gaffes. Il ajouta qu'il aimerait le voir, parce que cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas croisé.

Emily ♦ Je lui ai dit y a pas longtemps, j'en avais marre de lui cacher ça, d'autant plus que tu me connais, je suis capable de faire une gaffe à chaque instant, donc je lui ai dit directement. Et puis, il sera très content de te voir, tu sais qu'il t'apprécie, t'es un peu son modèle je crois.

En effet, le frère de Emily était un peu plus jeune, deux ans de moins qu'elle, et il appréciait Caleb. Déjà parce qu'il rendait sa soeur heureuse, la rendant beaucoup plus ouverte et gentille qu'elle ne l'était auparavant. Mais aussi, il voyait en lui une sorte de modèle, car Caleb représentait pour lui tout ce qu'il aimerait devenir. Un garçon vertueux, beau, cultivé, gentil ... Le rêve quoi !

Il ne le disait pas, mais qu’est ce qu’il le pensait. Il n’avait jamais été plus heureux avec quelqu’un que depuis qu’il avait Emily dans sa vie. Il savait qu’elle aimerait entendre des tendresses venant de lui de temps en temps, même si elle prétendait le contraire. Mais un jour, il la surprendrait, il le savait. Il ignorait encore quand et où, mais il savait qu’un jour il arriverait à dire ces mots qu’elle attendait depuis si longtemps. Il y travaillait d’ailleurs, et c’était en parti pour elle. Elle, elle et toujours elle. Toutes ses décisions se faisaient en fonction d’une seule personne : Emily. Il savait que son blocage à exprimer ses sentiments pourrait, a long terme, les éloigné. Toutes les filles ont besoin de mots doux pour se sentir aimées.

Peut être que le cadre romantique de Paris l’aiderait. Si ça devait arriver, il jouerait le grand jeu, troquant ses habits de tous les jours pour quelque chose de plus classe. Elle serait doublement surprise, et ne se douterai de rien. Il ne lui en fallut pas plus pour qu’il s’imagine la scène, bien qu’elle soit très peu réaliste. Il était sur que le décor parisien le mettrait plus en confiance. Il fut tiré de ses rêveries lorsque la spontanée Emily repris le dessus sur la Emily toute douce qu’il avait à coté de lui. Comment aurait il pu partir sans elle ? C’était tout bonnement impossible. Impossible !

De toute façon, j’aurais pu te mettre dans ma valise sans problème. Je suis sur que t’y rentrerais.

Et il la suivit dans son éclat de rire, fière de sa blague. De façon très mature elle lui tira la langue et il ne put s’empêcher de rire de plus belle. Il aimait sa simplicité, sa façon bien à elle de ne jamais, ou très rarement, se vexer, et toutes les petites choses qui la rendaient si authentique. Tellement différente de toutes ces poupées Barbie qui arpentent les rues. Vivre à Paris avec elle, même si ça ne durerais que deux jours, ce serait déjà un moment parfait, il le savait d’avance. Il n’aurait échangé sa place contre rien au monde.

En se callant un peu plus a lui, elle lui répondit a sa question a propos de son frère. Il était sur qu’elle lui avait dit. Ils étaient tellement proches qu’elle n’aurait pas pu le lui caché plus longtemps. Elle lui avoua aussi que son frère serait très heureux de le voir. Ca lui fit plaisir de l’entendre. Etant fils unique, il aurait toujours voulu avoir un frère plus grand que lui. En sortant avec Emily, il avait naturellement pris ce rôle avec son frère. Et lorsqu’Emily lui dit qu’il était en quelque sorte son modèle, il se sentit fier en quelque sorte. Entre eux deux, il y avait une sorte de connexion assez bizarre qui faisait qu’ils se comprenaient peu importe les circonstances. Ce dire qu’un jour il serait officiellement lié avec lui, en tant que beau-frère le rendait plus qu’heureux.

J’ai hâte aussi. Ça fait tellement longtemps. Tu lui diras de prendre un billet de retour un jour ou deux avant que je revienne a Paris pour qu’on puisse passer un peu de temps ensemble.

Puis toujours gardant son bras sur son épaule et reposant sa tête sur la sienne, il pensa et regarda sa montre tout à coup. Il ne fallait pas tarder s’ils voulaient rentrer à l’université. Quitte a finir leur soirée dans le foyer, pour profiter du moindre temps ensemble. En fait ce projet était vraiment bien, mais la séparation filles/garçons étaient vraiment poussée à l’ extrême. C’est limite s’il avait le droit de manger ensemble le midi, lorsqu’il avait les mêmes horaires.

- Hey Em’ va pas falloir qu’on traine hein ! J’aimerais bien dormir dans un lit douillet cette nuit.

Spoiler:

Comme d'habitude, les deux jeunes gens rirent de leurs blagues respectives. Ils avaient tendance à s'en lancer beaucoup, l'un à l'autre, et même si cela pouvait ressembler à des petites piques, elles n'étaient pleines que de tendresse. C'étaient leurs blagues à eux, et ils les aimaient bien.
Ensuite, Caleb lui dit qu'il avait hate de voir son frère, et qu'il faudrait qu'elle pense à lui dire de prendre un billet de retour un ou deux jours après qu'il ne revienne. Elle acquiescea et s'imagina à Paris, entre les deux hommes de sa vie. Quelques jours avec son frère, à se rappeler le bon vieux temps, à s'amuser ensemble comme du temps de leur enfance, à lui faire visiter Paris et à lui raconter ses aventures à Amsterdam, et à écouter les remarques que leurs parents et leurs amis avaient pu faire sur le départ d'Emily. Elle sentait qu'elle allait avoir matière à rire. Et puis après, la seconde partie des vacances avec Caleb. Se balader dans Paris, main dans la main, dormir entre ses bras, passer du temps ensemble, ce qu'ils ne pouvaient clairement pas faire ici dans ce projet. C'était d'ailleurs le seul défaut qu'on pouvait trouver à ce projet. La séparation garçon-fille était vraiment poussée à bout, ils ne pouvaient même pas se tenir la main dans les couloirs. Bah oui, c'est un acte tellement obscène. Ils devaient donc sortir pour passer du temps ensemble.
Mais là, Caleb lui fit remarquer qu'il allait falloir rentrer à l'université, pour pouvoir rentrer dormir dans leurs chambres respectives. Emily n'en avait absolument pas envie, mais ils n'avaient malheuresement pas le choix, un renvoi pouvait arriver bien vite. Alors elle lui répondit:

Emily Ah ouais c'est vrai. Qu'est-ce que j'ai hate d'être à Paris avec toi, pour passer du temps ensemble, dormir avec toi !

Le temps d'attendre que le serveur leur apporte l'addition, Emily échaffaudait dans sa tête toute sorte de plans presque machiavéliques pour rester avec lui. Ils étaient évidemment tous risqués mais Emily n'avait définitivement pas envie de se séparer de Caleb. Elle lui dit donc d'un air malicieux:

Emily Ca te dirait pas que je me glisse dans ta chambre, je suis tellement petite, on ne me verra pas ! Oui je sais c'est nul, mais j'ai trop envie de rester avec toi !

Finalement son plan pouvait peut-etre être réalisable, même si de nombreux obstacles, comme les surveillants et les colocataires de Caleb s'opposaient à sa réussite. En tout cas, cela la ferait bien rire d'essayer, malgré les conséquences que cela pourrait avoir. Il était certain qu'aller au foyer tous les deux était beaucoup moins risqué, même s'ils ne pourraient pas faire les mêmes choses que dans leurs chambres.



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